Première d'une série - la série "200" - qui dure depuis soixante-dix ans, mais également première Peugeot dont la désignation comporte un zéro central la 201 inaugure une famille de modèles évolutif bien adaptés à leur marché.
Quand la 201 apparaît officiellement au salon de Paris de 1929, elle est plus qu'espérée par les dirigeants du groupe et les agents de la marque. En effet, si le niveau d'affaires a été satisfaisant de puis 1919, ce résultat est du en grande partie à la Quadrilette et à ses dérivés 5CV, les types 172 et 190. Mais, vers 1925, ces derniers sont visiblement dépassés et la concurrence des Citroën et des 6CV Renault est rude.

UNE NAISSANCE ATTENDUE
Peugeot, en proie à des difficultés financières a provisoirement recours aux banques et aux bons offices de Lucien Rosengart, qui siège au conseil d'administration. En 1928, la marque lance l'étude d'une nouvelle petite voiture de 6CV et creuse un peu plus ses déficits. Pour couronner le tout, l'un des banquiers membres du conseil d'administration de l'entreprise, Oustric, est cité dans un retentissant scandale financier, l'affaire Marthe Hanau ( une escroquerie aux dépens des petits épargnants).

Au salon de 1929, la 201 séduit par ses lignes simples, ses dimensions compactes, sa mécanique classique et ses volumes bien équilibrés. Son style rappelle ce lui de la 12CV 6cylindres du salon 1927, appelée à remplacer les coûteuses 14 et 18CV sans soupapes. Mais les ventes de la 12-Six piétinent. La 201 bénéficie donc de l'esthétique nette et modernisée du haut de gamme. Elle offre quatre vraies places malgré sa voie réduite à 110 cm. Avec une boite à 3 rapports ( par économie), ses 23 ch réels l'emmènent à 85 km/h. Malgré ses deux paliers, le moteur à soupapes latérales se montre très robuste et résistant à l'usure. Il est capable de tourner à 3500 tr/mm, régime élevé a l'époque pour une voiture de série. Enfin, la 201 présente une affinité technique avec les Bugatti : en effet elle possède des ressorts arrière quart-elliptiques inversés, comme les modèles de Molsheim, mais qui sont montes obliquement.

UNE GAMME VARIEE
La gamme de l'année modèle 1930 est variée : berlines série et luxe, coupé d'affaires, torpédo, coach commercial (ancêtre des break à hayon), roadster, torpédo commerciale, camionnette, boulangère, fourgon. au temps des berlines à toit en simili, la 201 existe en version à toit en tôle, dont l'emboutissage est rendu possible par ses dimension modestes. Cette diversification, une fiscalité réduite et une consommation de 8 à 9 l/100km assurent le succès de la 201, qui sort en grande série avant que les effets de la crise n'atteignent la France, au début de 1932.

Au salon d'octobre 1931, la 201 C propose des roues avant indépendantes, solution technique que n'offraient jusque-la que des voitures d'avant-garde comme la Lancia Lambda, les Sizaire ou les Morgan. La solution Peugeot fait appel à un ressort transversal et deux biellettes transversales articulées au centre, complétés par deux bras de guidage encaissant les efforts de freinage, et des amortisseurs à friction. Il avait même été envisagé d'adopter des bras triangulés transversaux, mais la masse et les performances de la 201 permettent de simplifier la géométrie du train avant et d'en limiter le coût, notamment par la réduction des articulations.

La solution de Peugeot surprend sur un modele populaire de grande serie, et la 201 apparait comme plus moderne que bien des modéles de grand luxe. Les roues indépendantes apportent un niveau de confort nettement supérieur et permettent l'adoption de pneus ballon à basse pression
Extrait du livre Voitures populaires de collection édition HACHETTE Collections